lundi 26 février 2007

La Perte

Il y a quelque part dans ce temple un poème gravé sur la pierre intitulé «La perte».
Il ne se lit qu'en trois mots, mais le poète les a effacés.
Parce que la perte ne se lit pas. Elle se ressent.
-Memoirs of a Geisha

Y'a des soirs comme ça où on s'asseoit, à vingt ans, et qu'on regarde sa vie comme un film foutu. Y'a des vents comme ça qui semblent nous chanter, une mélancolie qui nous replie sur soi. J'ai le regard dans mes propres yeux, je pense à tout ce qui m'est arrivé, tous ces moments où j'aurais permis à la mort de m'emmener, ne pensant jamais pouvoir être plus heureux.

Mais à toutes les fois mon ciel s'est écroulé. Toutes ces fois l'eau a fini par envahir mes poumons et se mêler à mon air. Et pourtant chaque fois, il y avait toi derrière moi, qui prenait les mêmes coups sans broncher. On a toujours voulu de soi, mais on a jamais essayé, question de ne pas tuer le seul véritable amour qu'on ait ressenti. Bien sûr, d'autres ont fait l'amour à mon corps, trop souvent pour mon goût, mais jamais à mon âme. Et ça, il n'y a que toi qui l'ait fait.

Comment faire alors pour tolérer ta perte? Comment oser chercher mieux que toi? Je n'ai toujours pas la réponse, mais depuis que l'Est t'a pris, ici, dans l'Occident, c'est long. Le soleil s'est couché. M'enfin, il se lève tous les matins, mais je me lève plus zombifié par la nécessité et la course que par la motion et l'envie. Je me lève parce qu
e si je ne me lève pas, le semblant d'univers que je me tue à me forger ne tournera plus et que sans mouvement, il m'est impossible de filer cent cinquante millions de millimètres vers toi. Mon ami. Mon plaisir. Mon vrai rire.

Il y a quelque part dans ma tête ton nom gravé dans la pierre.
Il ne se lit qu'en trois mots, et bien que je ne puisse mettre souvent une image pour mille maux,
Je ne te lis pas, je te ressens.
Percy

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